Opinion & Chronique

Décès de l’ex-international Razack Omotoyossi : Entre stupeur, interrogations et leçons à retenir

La nouvelle est partie comme une traînée de poudre mardi 19 août dernier comme une rumeur, mais elle a fini par se confirmer malheureusement dans la soirée : l’ex footballeur Razack Omotoyossi est bel et bien décédé. Entre tristesse, deuil et stupéfaction et colère pour d’autres,cette grosse perte pour le pays doit pouvoir servir de leçon.Notre réflexion loin de prendre une posture accusatrice vient mettre le doigt sur des problèmes dans lesquels se trouvent probablement encore d’autres anciens sportifs qui ont à leurs heures de gloire rendu de services à la nation. Razack Omotoyossi n’allait pas bien et ce n’était pas le secret le mieux gardé de la République.Malheureusement après son appel à l’aide dans une poignante vidéo qui a fait le tour de la toile béninoise, les aides reçues n’ont pu le tirer de la descente aux affaires où il était plongé.Le dénouement funeste est désormais connu et est irrémédiable,la perte est immense.Les hommages et les témoignages qui affluent depuis quelques jours ne vont malheureusement pas nous rendre notre goleador national, notre « omogoal » ou encore notre  » taureau de Pobè ». Il faut se résoudre à la lucidité pour que le sacrifice du recordman de la sélection nationale ne soit pas vain.

Éviter de mener une carrière menée de façon hasardeuse

Entre son talent fou, sa pugnacité et son amour du maillot jaune, Razack Omotoyossi n’a pas bénéficié d’une bonne gestion de sa carrière. Ses nombreux séjours écourtés trop tôt et parfois de manière hasardeuse l’ont conduit dans des situations intenables qui ne lui ont pas permis d’avoir la stabilité qu’il faut en club et ce faisant dans la gestion de ses contrats et de ses gains.La faute à qui ? La pudeur et la retenue qui s’imposent nous amènent à laisser la question sans trop aller au fond des choses, quoique… Au-delà de sa responsabilité personnelle dans ce fait, le choix d’agents véreux peut aussi être pointé du doigt.Les jeunes sportifs et ceux en activité actuellement doivent pouvoir savoir donc s’entourer pour ne pas avoir à bourlinger à travers le monde pour au finish se retrouver sur la paille à l’heure de la retraite qui a tôt fait d’être à leurs portes.

Échapper à une reconversion professionnelle non planifiée

Au-delà du deuil et en allant au-delà du cas de notre illustre défunt, nombreux sont en effet nos champions qui n’ont pas su envisager avec sérénité leur après carrière d’autant qu’ils n’ont pas su programmer méticuleusement celle-ci. Les cas sont légion où entre blessures, revers de fortune, mauvais placement et absence de formation professionnelle de recours, plusieurs anciens sportifs se retrouvent à reprendre leur vie dans l’anonymat et parfois dans la misère la plus noire pour certains. La reconversion ne doit plus être envisagée à la fin de la carrière, mais elle doit déjà commencer par l’option sport études. Ceci peut en effet permettre, à défaut de retrouver du travail dans les nombreux métiers qui gravitent désormais autour du sport, de trouver du travail dans d’autres domaines loin du sport comme ont pu le faire beaucoup qui n’ont rien à craindre désormais pour leur avenir et celle de leur famille. Il faut que cette culture soit inculquée à nos jeunes sportifs et qu’elle les suive comme un leitmotiv, c’est clair que c’est la seule porte de sortie viable pour eux. Il est en effet trop facile de céder aux attraits de la vie mondaine dans laquelle on a tôt fait de brûler son cierge par les deux bouts.

L’importance d’une vie de famille épanouie

Dans le cas de Razack Omotoyossi, entre son enfance et son adolescence assez mouvementée, le sport s’est présenté comme une porte de sortie dont il a su profiter, mais cela n’a pas bien duré malheureusement. Trop d’instabilités et de malheurs familiaux ont tôt fait de rendre friable la psychologie de l’homme. Il souffrait probablement des affres d’une dépression dont tous les éléments étaient réunis pour lui donner le coup fatal. La société voyeuriste et l’environnement de plus en plus marqué par l’individualité n’ont pas permis de lui tendre la perche quand il fallait malheureusement.On ne peut en effet s’empêcher d’imaginer qu’en d’autres circonstances on aurait pu lui tendre la main et le tirer de là.Ceci étant, entre les mauvais choix des sportifs eux mêmes pour ce qui est de leur vie personnelle, que font les instances sportives pour les rendre moins vulnérables, de quelle accompagnement peuvent ils réellement bénéficier de la part de leurs associations professionnelles et de l’État dans une certaine mesure ? Chacun s’y retrouve sans doute et se dit qu’il a une part d’investissement à prendre dans ce combat pour la rédemption des sportifs. Nous pouvons les garder pour nous et longtemps avec nous si nous nous y prenons autrement !

S. BAGUIRI

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