Succession de Patrice Talon : Vers un président par défaut en 2026 ?

À moins d’un an de l’élection présidentielle de 2026, le paysage politique béninois reste curieusement figé. Ni la mouvance présidentielle ni l’opposition ne semblent pressées de dévoiler leurs cartes. Une attitude attentiste qui laisse présager une campagne éclair, concentrée sur la dernière ligne droite, et qui pourrait bien priver les électeurs d’un véritable débat d’idées. À ce stade, c’est un jeu de dupes auquel se livrent les deux camps : chacun observe l’autre, méfiant, sans oser prendre l’initiative. À moins de neuf mois d’une échéance cruciale, aucun duo de candidats n’a officiellement émergé, ni du côté du Bloc Républicain (BR) et de l’Union Progressiste le Renouveau, ni du côté du parti « Les Démocrates ». Pire, des tensions internes les fameuses « scènes de ménage » secouent même les rangs des principaux partis, ajoutant à l’impression de flottement. Certes, quelques personnalités politiques ont annoncé leur candidature. Mais soyons honnêtes : ces déclarations, pour l’instant, tiennent davantage du symbolique que du sérieux. Les figures réellement attendues, capables de porter une vision nationale et de structurer un débat de fond, se font toujours attendre. La vraie question que se posent aujourd’hui les Béninois est la suivante : lorsque les principaux partis se décideront enfin à présenter leurs candidats, sera-t-il encore temps de débattre des projets de société, de confronter les visions et de faire un choix éclairé ? Rien n’est moins sûr. Ni les tournées régionales de l’UP le Renouveau, ni les visites de proximité de l’ancien président Boni Yayi ne suffisent à éclairer l’électorat sur les véritables ambitions des uns et des autres. Il est urgent que les acteurs politiques sortent de leur réserve stratégique. Il en va de la qualité du débat démocratique, mais surtout de l’avenir du pays. Car en maintenant cette posture de repli, le risque est grand de voir les électeurs contraints à un vote par défaut un choix dicté non par l’adhésion à un projet, mais par l’absence d’alternatives claires. Et c’est là que réside le vrai danger : celui d’élire un président sans vision affirmée, sans leadership assumé, ni la carrure nécessaire pour faire franchir un nouveau cap au Bénin. Dans un contexte régional instable, où les défis économiques, sécuritaires et sociaux sont immenses, ce serait un pari risqué.Il appartient donc aux forces politiques de sortir de l’ambiguïté, de clarifier leurs intentions et de proposer des réponses concrètes aux aspirations des Béninois. Faute de quoi, la présidentielle de 2026 pourrait bien accoucher d’un président par défaut et non par adhésion.
Saliou B.