« Le Libéral » de Richard Boni Orou Une posture ambiguë et un défi à la réforme du système partisan

Le parti « Le Libéral » a été officiellement lancé le samedi 5 avril dernier à l’issue d’un congrès constitutif, propulsant Richard Boni Orou à la tête de cette nouvelle formation politique. Le positionnement de ce nouveau venu dans l’arène politique béninoise suscite étonnement, alors que les lignes de démarcation entre les formations politiques devraient être claires afin d’offrir au peuple plusieurs options de choix.« Nous ne sommes ni à gauche, ni à droite. Nous ne sommes les supplétifs de personne.» Cette déclaration sans équivoque de Richard Boni Orou marque la position centriste que « Le Libéral » a choisi d’adopter. Bien que surprenante pour le grand public, cette posture ne devrait pas surprendre les observateurs avertis de la scène politique nationale. En effet, Richard Boni Orou a récemment montré de moins en moins de prises de position fermes et tranchées à l’égard du régime de la Rupture, qu’il avait pourtant longtemps critiqué.Se situer ni avec l’opposition, ni avec la mouvance présidentielle actuelle, semble ne rien apporter de substantiel au débat politique ni à l’offre politique en place. Richard Boni Orou et ses partisans auraient dû faire preuve de cohérence en affichant clairement une position lisible, qu’il s’agisse de rejoindre l’opposition ou de soutenir publiquement le Chef de l’État.À moins de s’implanter durablement et de travailler sur le long terme, « Le Libéral », qui ne dispose d’aucun élu à l’Assemblée Nationale ni au sein des conseils communaux, ne pourra prétendre présenter des candidats crédibles. La création de ce parti va à contre-courant de la nécessité, aujourd’hui largement partagée, d’aller vers des ensembles politiques forts et unifiés. Toute autre dynamique contribue à l’émiettement de l’offre politique nationale et s’oppose à l’esprit de la réforme partisane en cours.
Saliou BAGUIRI