Visites répétées de Nicéphore Soglo sur les chantiers de la rupture :Stratégie politique ou opération de charme, pour quel objectif ?

Depuis quelques semaines, l’actualité entourant l’ancien président de la République, Nicéphore Dieudonné Soglo, a pris un nouveau tournant, attirant l’attention sur la portée et le sens de ses sorties publiques. Celles-ci, loin d’être fortuites, semblent répondre à un objectif bien précis. En effet, ces derniers temps, l’ex-président se distingue par un regain d’activités, et son agenda bien orchestré ne manque pas de logique. Parmi ses récentes sorties, l’interview accordée à RFI, où, entre critiques et revendications, il a exprimé sa préoccupation pour le retour de son fils Lehady Soglo et d’autres « exilés politiques », a marqué les esprits. À cette interview avait précédé la parution, le 27 février 2025, de son ouvrage vers le miracle béninois : à l’épreuve du pouvoir et de la démocratie, permettant à l’ancien maire de Cotonou de rester au cœur de l’actualité. Cependant, les visites les plus remarquables ont été celles effectuées à la Zone industrielle de Glo Djigbé (GDIZ) le 3 septembre 2024, puis plus récemment, à la Cité économique de Ouèdo, sur les sites du Centre Hospitalier International de Calavi (CHIC), et du marché de gros d’Akassato le lundi 31 mars dernier. Lors de sa visite à la GDIZ, fleuron de la politique d’attractivité économique du régime de la rupture, Nicéphore Soglo n’a pas manqué de saluer les progrès réalisés par le gouvernement. Il a exprimé son admiration pour l’envergure des installations et pour la transformation locale des matières premières agricoles, ainsi que l’exportation de produits finis « Made in Benin ». Il a également souligné la création d’emplois pour la jeunesse béninoise. « Je ne pouvais imaginer que de telles réalisations se passaient dans mon pays. Je suis fier d’être béninois ! » avait-il déclaré, insistant sur l’importance de cette initiative pour la transformation structurelle de l’économie béninoise. À l’issue de sa visite de la nouvelle Cité économique de Ouèdo, il a encore exprimé son admiration : « On a vu des bâtiments, on a vu des villas, c’est magnifique. Je suis littéralement impressionné », a-t-il confié à la presse béninoise. Pour un compliment venant de lui, cela vaut son pesant d’or. La visite du CHIC a été l’occasion pour lui de saluer les progrès réalisés par le Bénin en matière d’offre de soins de santé de qualité, grâce à cette infrastructure sanitaire.
Des implications de la série de visites
Les éléments de langage positifs que le président Soglo véhicule lors de chacune de ses visites ne sont pas anodins. Ils marquent une démarcation entre la posture d’homme d’État de l’ancien président et ses prises de position politiques, qui, elles, ont des fondements plus personnels et intimistes. Certes, il s’agit d’un encouragement à poursuivre la modernisation des infrastructures sociales, mais il est également possible de percevoir ces visites comme un appel du pied politique. L’objectif semble être de poser les bases d’une décrispation de l’atmosphère politique, à l’approche des prochaines échéances électorales. On ressent, en filigrane, un désir de réconcilier les différentes postures politiques, afin d’ouvrir la voie à un débat large et apaisé, propice à la réduction des antagonismes. Dans ce contexte, Nicéphore Soglo semble déterminé à jouer sa partition et à ne pas rester en retrait, une démarche qui pourrait, à terme, s’avérer stratégique.
Saliou Baguiri