Justice

Procès de l’affaire Pierre Urbain Dangnivo : Des attentes, des accusés, mais quid des commanditaires ?

Depuis quelques jours, le procès tant attendu, qui se tient après quinze années d’attente, retient enfin l’attention de l’opinion publique béninoise. Les déballages se succèdent au prétoire, mettant en lumière certaines zones d’ombre, mais une question majeure demeure et risque de rester sans réponse à la fin de ce feuilleton politico-judiciaire.Comme dans d’autres affaires d’État, telles que celles d’Aïkpé, de Kovacs ou du dossier des machines agricoles, les débats révèlent des protagonistes à divers niveaux. Dans le cas présent, les plus visibles sont ceux qui ont été détenus pendant près de quinze ans. Alofa et ses coaccusés semblent être de simples exécutants, voire des hommes de paille, comme ils l’affirment eux-mêmes dans leurs déclarations devant les juges. Certes, des personnalités ayant occupé des positions importantes dans l’appareil d’État, tels que des ministres, des officiers supérieurs et des députés, sont appelées à la barre, certains en qualité de témoins.Pour l’instant, entre contradictions, déclarations floues ou alambiquées, on a l’impression que le fil conducteur de cette affaire est encore perdu dans les méandres du dossier. Bien que la justice ait ses méthodes, qui parviennent parfois à faire éclater des vérités, on se demande si la loi du silence, qui prévaut souvent dans ce genre d’affaires, ne risque pas d’entraver la recherche de la vérité. Cette vérité, qui échappe encore aux parents de Pierre Urbain Dangnivo, l’ancien haut cadre du ministère des Finances disparu dans des circonstances mystérieuses un soir de 2010, est plus que jamais attendue.L’opinion publique espère que ce procès permettra enfin de lever le voile sur les circonstances de cette affaire énigmatique et de dévoiler les véritables responsables, ceux qui tirent encore les ficelles pour obscurcir les choses. Le Bénin a besoin de connaître la vérité pour son processus de catharsis, et la famille Dangnivo en a besoin pour faire son deuil. C’est le minimum que la justice béninoise puisse offrir pour renforcer sa crédibilité auprès des citoyens, qui n’attendent que cela. Il serait regrettable que ce dossier ne soit ouvert que pour la forme, ou pour servir de comédie ubuesque.

Saliou BAGUIRI

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