Politique

Décrispation politique au Bénin : Les appels de Houngbédji et Soglo, des échos sans réponse ?

À l’approche des élections générales de 2026, certains thèmes récurrents de la vie politique nationale refont surface, portés par des figures emblématiques comme les présidents Adrien Houngbédji et Nicéphore Soglo. À plusieurs reprises, ces derniers ont exprimé des revendications pour le retour des exilés et la libération des prisonniers politiques, des appels directement adressés au président Patrice Talon.Lors d’une cérémonie de présentation de vœux avec ses militants, le patriarche d’Adjina, Adrien Houngbédji, avait exprimé son vœu de voir les prisonniers politiques, emprisonnés pour diverses raisons, recouvrer leur liberté. Il avait également appelé au retour des Béninois exilés, fuyant des procédures judiciaires ou persécutés pour leurs opinions politiques. Ces déclarations, inédites pour un soutien aussi important au chef de l’État et à son régime de la Rupture, n’ont pas été bien accueillies dans les rangs de la mouvance présidentielle. Elles ont été interprétées comme les prémices d’un repositionnement politique et d’une tentative de reprise d’autonomie du Parti du Renouveau Démocratique (PRD).Les réactions hostiles à ces propos n’étaient pas encore entièrement dissipées lorsque l’ex-président Nicéphore Dieudonné Soglo, autre figure de proue de la vie politique béninoise, a relancé la même revendication lors d’une interview accordée à RFI. Il a de nouveau appelé à la libération des prisonniers politiques et au retour des exilés, y compris son propre fils, Léhady Soglo, qu’il estime victime d’une injustice. Voici un extrait de sa déclaration : « Au Bénin, il faut libérer tous les prisonniers politiques… Je t’ai soutenu pour que tu deviennes président, eh bien, cette année 2025, tu dois libérer tous les prisonniers politiques, les Reckya, le professeur Aïvo, tous ceux qui sont en prison. Et tu dois permettre à mon fils, Léhady, à qui tu as collé dix ans, ça va durer combien de temps ? ». Il a ajouté, « Mais pour le moment, il ne me répond pas correctement. »Une prêche dans le désert ?À mesure que l’échéance de 2026 approche, ce débat pourrait devenir un sujet incontournable dans la vie politique béninoise, surtout qu’il représente une revendication clé de l’opposition au régime. Cependant, le président Patrice Talon et ses partisans se montrent rarement disposés à intervenir directement dans les affaires judiciaires, ce qui pourrait rendre les appels de Houngbédji et Soglo sans effet, du moins dans l’immédiat. Lors d’une rencontre avec des représentants du parti « Les Démocrates », Talon avait d’ailleurs renvoyé la question vers l’Assemblée Nationale, avec des propos suffisamment ambigus pour laisser incertain le sort de cette question à l’hémicycle. Il est également constant dans la mouvance présidentielle que l’on ne reconnaisse ni l’existence d’exilés politiques ni celle de prisonniers d’opinion.Dans ce contexte, il semble que ce débat aura encore de nombreux jours devant lui avant de connaître un épilogue, laissant planer des interrogations sur la suite de cette dynamique politique.

Saliou BAGUIRI

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