Message de patrice Talon à la Nation : Une fin de non recevoir aux revendications de l’opposition
Vendredi dernier, sacrifiant à la tradition, le président de la République était devant les députés pour son adresse annuelle à la Nation. Occasion pour le premier des Béninois de faire le point des réalisations de son gouvernement tout le long de l’année civile et d’ouvrir également les perspectives pour celle qui vient. Pour autant, Patrice Talon n’a pas manqué de faire des incursions remarquées sur le terrain politique. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’entre les lignes, l’actuel locataire de la marina a décoché des piques acérées à ses alter égos politiques sans pour autant les désigner nommément. Pourtant, cela n’aura échappé à personne que l’opposition était vraisemblablement dans le viseur. Le ton et la mimique n’étaient pas à la plaisanterie et tout porte à croire que ni les assises nationales, ni le toilettage du fichier électoral et encore moins une relecture du code électoral ne seront au rendez-vous et cela apparait clairement au détour des propos du président de la République. Plantant le décor, il a commencé par estimer que l’état des lieux ne peut plus donner lieu à une démarche rétrospective par rapport aux acquis, puisque « Le Bénin, notre pays a trouvé son chemin et cela est irréversible, peu importe l’opinion et le souhait des nostalgiques en quête d’un retour à notre passé honteux ». Et comme si cela ne suffisait pas, l’orateur a donné plus de précisions et d’ampleur à son message « finie, finie l’usurpation du pouvoir politique par des vendeurs d’illusions, incompétents et mal intentionnés. Aucune supplication, aucun râlement, aucune menace ne nous fera reculer ». Une volonté et une détermination sur fond de posture rigide qui ne souffre d’aucune ambiguïté, d’autant qu’il précise ensuite qu’ « aucun compromis politique préjudiciable à notre développement ne sera concédé pour plaire à qui ce soit ou pour satisfaire un quelconque consensus politique. <<On ne devrait donc pas s’attendre que cette posture change les semaines et les mois à venir sauf survenance d’un nouvel élément politique fort et imprévisible, puisque l’élément politique est en soi dynamique et ambivalent parfois. Mais pour l’heure, on peut conjecturer que l’opposition devra chercher d’autres parades que sa plateforme revendicative pour mieux figurer aux prochaines élections générales de 2026, il ne faudra pas s’attendre à ce que les lignes bougent dans le camp présidentiel. C’est du moins ce que logiquement on peut appréhender dans les propos plutôt offensifs du président de la République dans son message à la nation et à qui de droit.
Saliou BAGUIRI