Attentisme dans les candidatures aux présidentielles de 2026 : Les Béninois privés du programme d’action des présidentiables

Nous sommes désormais à quelques mois des prochaines élections générales de 2026, une échéance cruciale au cours de laquelle l’électorat béninois aura également à se prononcer pour le ticket présidentiel qui devra prendre ses quartiers à la Marina. Mais force est de constater qu’en ce qui concerne la désignation des candidats, aucun signal crédible ne se manifeste au-delà des spéculations.On constate, en effet, que ni dans l’opposition ni dans la mouvance présidentielle, personne ne semble pressé de lancer la désignation des candidats aux élections présidentielles. Les deux camps se regardent en chiens de faïence, dans une partie d’échecs où dévoiler ses batteries trop tôt peut apparaître comme fatal.Pendant que Patrice Talon et les siens prennent leur temps afin de garder leurs cartes atouts le plus tard possible, l’opposition, notamment les LD, dans une posture frileuse, reste dans la réaction. Elle craint de lancer des primaires internes qui pourraient apparaître comme crisogènes et dangereuses.Le seul parti qui a lancé, lors de sa session ordinaire de Bohicon, le recueil des dossiers – ou du moins en a fait l’annonce – c’est la FCBE de Paul Hounkpè. Toutefois, un bémol s’est tout de suite présenté : la crise de la démission-suspension d’Alain Adihou et consorts, qui ouvre un autre champ de priorité, celui de la recherche de cohésion.Cette frilosité au sein des états-majors des grands partis politiques du pays face à la question présidentielle a pour corollaire la cristallisation du débat politique autour de sujets d’importance relative ou carrément superficielles. Pendant ce temps, le Béninois lambda a tendance à se demander qui seront les prochains candidats, mais surtout quels seront les programmes qu’ils proposeront à leurs compatriotes.Rien, en effet, à se mettre sous la dent de ce côté. Une telle situation risque, une fois de plus, de faire se dérouler le débat politique autour de la personne des candidats, plutôt que sur leurs programmes, qui seront relégués au second plan.Entre la déclaration des candidatures et le déroulement des élections, les partis eux-mêmes n’auront ni le temps matériel, ni les moyens pratiques de vulgariser à bon escient les grandes lignes de ce qu’ils proposent pour changer le futur des Béninois qu’ils aspirent à diriger.C’est donc là un biais dans le système politique. Ni le Code électoral, ni la Constitution n’imposent malheureusement de seuil calendaire pour les déclarations de candidatures aux élections présidentielles. Les Béninois sont donc liés au bon vouloir des uns et des autres, une question de plus à revoir dans l’avenir.
Saliou BAGUIRI