Relations bénino-nigériennes : Les frontières toujours fermées, Tiani souffle le chaud et le froid

Les relations entre le Bénin et le Niger peinent à retrouver leur sérénité depuis le coup d’État ayant conduit à l’éviction du président Mohamed Bazoum à Niamey. Malgré quelques tentatives de rapprochement ayant laissé entrevoir un léger dégel, la réalité demeure inchangée : les frontières officielles entre les deux pays restent hermétiquement closes. Il y a quelques jours, des transporteurs nigériens, contraints d’emprunter des voies de contournement en raison du blocus frontalier, ont appelé leur gouvernement à rouvrir le corridor reliant leur pays au port béninois, principal débouché maritime du Niger. Mais l’appel est resté lettre morte. Le régime militaire de Niamey semble camper sur une position intransigeante. Dans un discours récemment prononcé, le général Abdourahamane Tiani a ravivé les tensions en s’en prenant vertement aux autorités béninoises. Il les accuse d’entretenir une collaboration militaire secrète avec la France, une proximité qui, selon lui, faciliterait l’infiltration terroriste dans la sous-région, tant au Bénin qu’au Niger. Il va jusqu’à reprocher à Cotonou d’avoir abandonné des positions stratégiques à des groupes armés, évoquant le retrait de 400 soldats remplacés par un simple détachement de 50 hommes. Ces accusations, bien que répétitives, n’en restent pas moins graves. Rien de neuf, sinon la persistance d’un discours dur qui semble écarter toute possibilité de dialogue. L’on peut légitimement se demander si cette rhétorique constante ne sert pas à renforcer une posture politique de rejet de la France, en associant systématiquement Cotonou à l’ancienne puissance coloniale. À force de « noyer le poisson » dans un flot d’accusations, Niamey semble éviter une réelle remise en question de sa propre stratégie diplomatique. Pourtant, il devient urgent de sortir de cette impasse. Le bon voisinage entre le Bénin et le Niger, ancré dans une longue tradition de coopération, ne saurait être sacrifié sur l’autel de calculs politiques incertains. Il est temps de renouer avec le dialogue et de remettre au centre des préoccupations l’intérêt des deux peuples.
Saliou B.