C’est une rencontre qui en a surpris plus d’un. Dans un contexte de tensions croissantes entre l’Union Progressiste le Renouveau (UPR) et Maître Adrien Houngbédji, leader historique du PRD, l’entrevue entre Joseph Djogbénou, président de l’UPR, et l’ancien président de l’Assemblée Nationale, laisse entrevoir un possible dégel politique.Si les échanges entre les deux hommes ont été tenus à huis clos, leur portée dépasse le simple cadre d’une visite de courtoisie. En réalité, tout porte à croire qu’il s’agit d’une tentative de rapprochement, voire de sauvetage, d’une alliance mise à mal ces dernières semaines.Le malaise est né d’une prise de position de Me Houngbédji. À l’occasion d’une cérémonie de vœux avec ses partisans, l’ancien président du PRD avait plaidé pour une décrispation politique : libération des détenus, retour des exilés, et dialogue national. Des propos qui ont immédiatement suscité des remous dans les rangs de l’UPR, certains y voyant un alignement tacite sur la ligne de l’opposition incarnée par Les Démocrates.Le député Rachidi Gbadamassi, figure de proue du parti, n’avait d’ailleurs pas tardé à réagir, fustigeant ouvertement les déclarations du leader d’Adjina. Quant au président Patrice Talon, interrogé par un magazine panafricain, il avait balayé ces propos du revers de la main, les qualifiant de « leurres ».Malgré les critiques, Houngbédji a persisté. Il a réaffirmé ses positions lors de la commémoration de l’anniversaire de décès de Moucharaf Gbadamassi, ancien cadre du PRD. Ces prises de parole ont ravivé les spéculations sur une possible résurgence du PRD, relancé par son fondateur à l’approche des élections générales de 2026.En interne, l’UPR semble prendre la mesure du danger. Une rupture officielle entre les deux formations serait un précédent lourd de conséquences à quelques mois d’un scrutin déterminant. Même affaibli, le PRD reste un acteur politique doté d’un ancrage non négligeable, notamment dans le Sud.Deux facteurs expliquent l’urgence de cette rencontre : d’une part, l’annonce de l’Université de vacances du PRD, qui pourrait déboucher sur des prises de position peu favorables à l’alliance ; d’autre part, les récentes rencontres entre Me Adrien Houngbédji et l’ancien président Boni Yayi, perçues comme un signal fort dans les cercles politiques.Il était donc temps, pour Djogbénou, de renouer le dialogue et de tenter de préserver un équilibre déjà fragilisé. Reste à savoir si cette main tendue suffira à refermer la brèche.
Saliou B.
