Le président du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), Me Adrien Houngbédji, a effectué en fin de semaine dernière une nouvelle visite au domicile de l’ancien chef de l’État, Boni Yayi. Si le geste peut sembler, de prime abord, purement courtois, le contexte politique actuel et le profil des deux hommes lui confèrent une portée bien plus significative.En effet, Boni Yayi et Adrien Houngbédji ne sont pas des figures mineures de la scène politique béninoise. Leur poids dans les équilibres électoraux à venir est réel, et leur rencontre, aussi discrète soit-elle, alimente les spéculations. D’autant plus que le PRD, bien qu’encore officiellement membre de la mouvance présidentielle, donne depuis quelques mois des signes de dissensions internes. Des tensions palpables opposent le leader des « Tchoko-Tchoko » à certains cadres influents du pouvoir, en particulier depuis les prises de position de Me Houngbédji en faveur d’une décrispation politique, du retour des exilés et de la libération des prisonniers politiques.Ces déclarations, qui ont suscité une levée de boucliers dans le camp présidentiel, ont notamment été vertement critiquées par Rachidi Gbadamassi. Le Chef de l’État, Patrice Talon, n’a pas non plus manqué de réagir, qualifiant dans les colonnes de Jeune Afrique les propos de l’ancien président de l’Assemblée nationale de « leurres ».Dans ce contexte tendu, la rencontre avec Boni Yayi, président du parti d’opposition Les Démocrates, ne saurait être interprétée comme un simple échange de civilités. Elle pourrait bien préfigurer un éventuel repositionnement du PRD ou, à tout le moins, l’ébauche d’un dialogue entre mouvance et opposition.L’heure n’est pas encore aux annonces officielles, mais les signaux doivent être scrutés avec attention. Une recomposition des alliances politiques pourrait être en cours, et la visite de Me Adrien Houngbédji chez Boni Yayi pourrait en être un indicateur.
Saliou BAGUIRI
