Opinion & Chronique

CHRONIQUE : L’oeil de la rédaction

Les relations internationales sont un terrain mouvant, façonné par des dynamiques de coopération bilatérale et multilatérale, où les intérêts et les postures des États dictent souvent l’évolution des paradigmes mondiaux. Depuis la fin des années 1990, avec l’introduction des programmes d’ajustement structurel imposés par les institutions de Bretton Woods, les pays africains ont progressé à leur rythme, chacun à sa manière, améliorant leurs agrégats macroéconomiques en fonction de leurs réalités et de leurs priorités.Cette évolution a permis à certains de prendre davantage en main leur destinée, choisissant leurs partenaires géostratégiques avec réflexion, en fonction des regroupements d’intérêts qui les accompagnent. Le G7 se réunit chaque année à Davos, tandis que les BRICS, un contrepoids aux puissances traditionnelles, se font de plus en plus entendre. Cependant, une nouvelle dynamique a récemment émergé sur la scène internationale. De nouveaux acteurs tels que la Russie, la Chine, ou encore Israël, modifient les rapports de force traditionnels, bouleversant les relations internationales aux côtés des États-Unis et de l’Union Européenne, influençant ainsi le positionnement des pays africains.Malgré tout, certaines habitudes ont la peau dure. Des acteurs comme l’Union Européenne, bien qu’ils évoluent dans un environnement international en constante mutation, continuent parfois de manifester une posture condescendante et paternaliste qui interroge. Ils semblent encore nourrir l’idée que les pays africains sont figés dans une époque révolue. Si l’on en doutait, il suffit de se pencher sur l’un des récents gestes de l’Union Européenne : un don fait au Bénin sous forme d’un avion de surveillance, destiné à l’aider à faire face à des menaces sécuritaires croissantes. Le don en soi peut sembler louable, et tout geste d’assistance mérite d’être salué, mais la nature de l’appareil prêté soulève des questions.À première vue, cet avion ne ressemble en rien à ceux que l’on voit dans les pays européens. Il ressemble davantage à un vestige de la Seconde Guerre mondiale, un appareil que l’on pourrait plus imaginer dans un musée d’aviation civile ou militaire que dans le ciel d’un pays en proie à des conflits modernes. Le Bénin fait face à une insécurité grandissante qui a déjà coûté la vie à près d’une centaine de nos concitoyens, civils et militaires, et il est évident que le Bénin a besoin d’une assistance technique pour affronter ces défis. Pourtant, face à cette menace réelle, l’Union Européenne semble n’avoir trouvé qu’un « oiseau » des années 1940 pour protéger notre territoire, comme si elle ignorait la sophistication des armes utilisées par ceux qui nous attaquent.Si le Bénin a besoin d’une aide internationale, celle-ci doit être à la hauteur des enjeux. Cette aide doit être moderne, stratégique, et respectueuse des capacités et des besoins réels du pays. L’UE a certes des raisons de contribuer à la lutte contre l’insécurité, mais elle ne peut pas se contenter d’envoyer des équipements obsolètes, dignes d’un autre temps. Le Bénin, comme d’autres pays africains, mérite mieux que ce genre de « gadget », plus adapté à l’épandage d’insecticides dans des champs de coton qu’à la défense d’une nation.Le peuple béninois mérite une aide plus significative et plus sincère. Chaque jour, des partenaires plus conséquents et plus respectueux des réalités locales envoient des moyens modernes, performants et stratégiques dans des pays du Sahel, qui font face à des défis similaires aux nôtres. Ces pays reçoivent des équipements adaptés à leurs besoins, des équipements capables de faire une réelle différence sur le terrain.Il est plus que temps de repenser la coopération internationale. L’Afrique, et notamment le Bénin, ne peuvent plus accepter de gesticulations diplomatiques ou de gestes symboliques qui ne répondent pas aux enjeux réels du moment. Il est urgent de revoir nos relations avec nos partenaires internationaux, en exigeant des aides plus appropriées et respectueuses des capacités et des ambitions du continent.

Maïzinou ADELEKE

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