Interventions publiques des ministres conseillers : L’urgence d’un recadrage
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Les ministres conseillers auprès du président de la République sont entrés depuis quelques semaines faisant désormais partie prenante du paysage politique du pays. Pour autant, leurs premiers pas et surtout leurs prises de parole sont scrutés par plus d’un. Si pour le moment certains des douze sont plutôt discrets, par contre il y a fort à dire sur d’autres.En effet, deux particulièrement ont déjà tenu des propos plutôt polémiques qui continuent de faire jaser. Mais il est loisible de constater que la teneur des propos tenus par Rachidi Gbadamassi et ensuite Janvier Yahouedehou ne sont que passablement goûtés dans l’opinion publique surtout en ces moments où les acteurs politiques sont plutôt arc-boutés sur leurs positions. L’approche des élections générales militeraient plutôt à des propos consensuels que belliqueux. Ruer dans les brancards envers des acteurs politiques fussent-ils de l’opposition comme en prend l’habitude Rachidi Gbadamassi qu’on attendait par contre dans son rôle d’appui technique à son ministre et au président de la République, est comme un soutien trop encombrant qui ne pousse pas vers le sens positif. Cela est d’autant plus vrai que le Bénin fait face à des défis sécuritaires importants où il faut fédérer les énergies.Quant au coordonnateur du collège des ministres conseillers, on l’a vu dans un rôle de courtisan qui ne cadre pas avec les attitudes et la posture qu’on lui connaissait auparavant, lui qui a habitué les Béninois aux dénonciations des affaires politico judiciaires et des interactions délictuelles entre ces milieux et celui des affaires. C’est plutôt détonnant de le voir en appeller à un séjour prolongé de Patrice Talon au pouvoir afin de continuer son travail de développement et d’en assurer la pérennité. A l’heure où on enregistre des levées de bouclier quant aux propos appelant à un troisième mandat ou à la mise sur pied d’une deuxième République, c’est plutôt assez politiquement incorrect pour quelqu’un qui a des responsabilités et qui a un devoir de réserve d’autant que des actions ont été intentés et certaines pendantes devant la cour constitutionnelle.Dans ces circonstances, il s’agit pour ne pas cristalliser inutilement les débats politiques, que le président Patrice Talon de faire appel au sens de discipline de la troupe afin que ça ne tire à hue et à dia sur toutes les cibles qui bougent.
Saliou Baguiri