Crise diplomatique et de confiance entre le Niger et le Bénin : Quelles portes de sortie possible ?

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C’est un secret de polichinelle qu’entre Niamey et Porto-Novo, les lignes sont très distendues depuis un bon moment. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas véritablement la lune de miel entre Abdourahmane Tchiani et Patrice Talon représentants leurs États respectifs quoique leur mode d’avènement au pouvoir soient antinomiques.La pomme de discorde entre les deux voisins est suffisamment sérieuse pour qu’on ait pu assister à des escalades diplomatiques marquées par des actes de rétorsion et des attaques par médias interposées. Ce qui est certain, le climat est à tout le moins délétère à telle enseigne qu’on se demande, à quand l’épilogue et qui pour provoquer la paix des braves.*La CEDEAO disqualifiée*Lorsque la junte nigérienne a pris le pouvoir à Niamey le 26 juillet 2023, une levée de boucliers s’est faite. Les militaires n’ont eu aucune sorte de commisération pour Tchiani et les siens, bien au contraire. Entre les sanctions économiques diverses et le déni, Tchiani et les siens ont pris sur eux et se sont alignés sur des partenaires de circonstances et appuyés sur les Russes en tournant le dos aux Français et aux Américains. Demander à l’institution sous régionale qu’est la CEDEAO de désigner un médiateur ou un représentant spécial serait contre-productif et même voué à l’échec. La solution ne pourrait donc venir que d’ailleurs, d’un autre acteur moins impliqué.*Le Togo de Faure Gnassingbé juge et partie*On aurait pu en effet donner un rôle de facilitateur à Lomé, mais ce n’est pas certain que l’affaire se présente sous de bonnes hospices. Il apparaît clairement que le Togo tire beaucoup d’avantages de la crise en cours d’autant que son port sert de repli aux opérateurs économiques nigériens qui n’ont plus Cotonou comme débouché naturel. Outre cette raison qui plombe une possible posture de médiateur à l’homme fort de Lomé, les relations avec Patrice Talon n’étaient déjà pas si cordiales. On ne s’attendrait nullement pas que le président Béninois laisse son destin entre les mains de Faure Gnassingbé et de sa diplomatie qui pourraient s’en orgueillir et brandir une sortie de crise comme un trophée diplomatique.*Quid du Tchad et de la Chine*?Mahamat Idriss Déby Itno réputé proche de la junte militaire nigérienne dont certains éléments sont ses promotionnaires a ses entrées à Niamey où il s’est d’ailleurs rendu plusieurs fois déjà. Aussi, voisin immédiat du Niger, le Tchad y a des intérêts économiques et stratégiques qu’il faut bien sauvegarder au même titre qu’avec les autres Etats de l’AES qui ont fait bloc commun. La Chine quant à elle, grand acteur diplomatique et géant économique de surcroît a forcément son rôle à jouer surtout avec ses investissements dans le pipeline et le pétrole Nigérien. D’ailleurs suite au blocus décrété par Patrice Talon sur l’embarquement du pétrole en provenance du Niger au terminal de Sèmè, Pékin était intervenu pour essayer un rapprochement qui a conduit au départ de la première cargaison. Si la crise perdure néanmoins, les premières négociations menées par les Chinois peuvent servir de base de travail sur laquelle on peut relancer un gentleman agrément qui à tous égards serait profitable à toutes les parties.

Saliou Baguiri

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