Déclaration du chef de l’État face au comité de pilotage de l’audit du fichier électoral : Patrice Talon met-il fin au débat sur la question du troisième mandat ?
Depuis le renouveau démocratique, chaque fin de mandat a été marquée par des spéculations sur le départ ou la reconduction du président de la République en exercice. En 2006, le feu général Mathieu Kérékou a fait face à ces interrogations, avant le président Boni Yayi en 2016. Aujourd’hui, c’est au tour du président Patrice Talon, considéré par certains comme l’unique Béninois à même d’incarner une gouvernance exemplaire. Plusieurs de ses partisans ont déjà lancé des campagnes médiatiques en faveur d’un éventuel troisième mandat pour le chantre de la rupture.Le contexte est toutefois particulier cette fois-ci, car la Constitution du 11 décembre 1990 a été modifiée en 2019. Cette révision a alimenté le débat autour de ce que certains appellent « la nouvelle République », amenant nombre de citoyens à se poser la question : cette nouvelle République permet-elle de remettre le compteur à zéro et ainsi autoriser Patrice Talon à briguer un autre mandat ?À l’approche des élections générales de 2026, la société civile et certaines formations politiques ont exprimé le souhait que le fichier électoral soit audité. Le gouvernement Talon a montré sa bonne foi en mettant à disposition les ressources nécessaires, et pour signifier son soutien à cette initiative, le président Talon a reçu en audience les membres du comité de pilotage de l’audit du fichier électoral. Ce qui retient l’attention, c’est le discours prononcé par le chef de l’État : « Toute fin de mission génère un regain de vertu, un regain d’engagement au service du bien de manière absolue. » Un message fort, qui semble indiquer qu’il n’a pas l’intention de tenter de forcer son passage vers un troisième mandat.Cependant, la question demeure : est-ce que ce discours met véritablement fin au débat sur un troisième mandat ? En demandant à Jean-Baptiste Elias et aux autres membres du comité de l’aider à bien gérer la fin de son mandat, Patrice Talon invite-t-il à un dialogue serein ou laisse-t-il encore une porte ouverte à des interprétations diverses ? Pour l’instant, chacun se fait une idée en fonction de ses propres intérêts. Toutefois, il est essentiel que la paix et la cohésion sociale soient préservées. Ceux qui militent en faveur du troisième mandat doivent prêter attention à la substance de la déclaration de Patrice Talon avant de poursuivre leurs plaidoyers.
JEG
