Arrêté et relaxé, le SG de la CGTB BACHABI MOUDASSIROU se livre dans nos tribunes « Nous avons installé des princes qui ne croient pas au dialogue La marche de protestation bientôt reprogrammée

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Info matin : vous êtes le secrétaire général de la CGTB, vous avez organisé une marche hier, parlez-nous-en.

Réponse : Merci Mr le journaliste de m’offrir l’opportunité d’aborder ce sujet avec vous au lendemain de l’évènement. Je voudrais déjà remercier ceux qui vous font confiance, vos lecteurs. Il faut rendre grâce à Dieu, les mânes de nos ancêtres, ainsi que le peuple, tout le monde s’est levé pour dire non à l’arbitraire, c’est déjà l’essentiel. Nous avons invité nos militants ainsi que les citoyens à une marche pacifique, quand je dis les citoyens, notre marche est avant tout citoyenne. Il s’agit avant tout de permettre aux Béninois de mieux vivre. Notre rôle en tant qu’organisation syndicale , c’est de faire en sorte que la communauté toute entière , se retrouve et que le mieux vivre ,le mieux-être soient partagés ,avec l’ensemble des béninois, ; mais comme vous le savez , vous êtes dans le pays , je ne vous apprends rien, ça fait longtemps que les béninois dans leur grande majorité n’ont plus les trois repas par jour. Ça fait longtemps que le pouvoir d’achat s’effrite dans le pays et que même les mesures proposées par le gouvernement n’ont pas eu raison de la conjoncture et de l’inflation. Aujourd’hui il était normal que les acteurs que nous sommes, que les partenaires, parce que nous sommes des partenaires avec le gouvernement et quand les partenaires n’échangent pas entre eux, ça n’évolue pas. Ça fait longtemps que le gouvernement béninois ne croit plus au dialogue ou n’efforce même pas de donner une place au dialogue, alors que c’est un gouvernement qui est un produit du dialogue. Souvenez-vous que la conférence nationale des forces vives de la nation, a été le déclencheur du système qui leur a permis d’être là aujourd’hui et c’était par consensus qu’ils sont arrivés, et sur la base du dialogue. Pendant que d’autres pays africains prenaient les armes pour passer de l’arbitraire à la démocratie, notre pays a utilisé le verbe, la parole et comme cela était dans les saintes écritures, la parole se fut toujours chair et c’est ce qui s’est passé au Bénin. Nous avons donc traversé cette épreuve avec assez de bonheur, malheureusement nous avons installé des princes qui ne croient pas au dialogue et qui pensent qu’ils ont ‘intelligence achevée, ils n’ont pas besoin de complément d’intelligence ni d’accompagnement. Par conséquent donc ils n’ont pas besoin de partenaire, or c’est dans le partenariat dans le dialogue qu’on produit la lumière pour permettre au pays d’avancer, donc, comme nous n’avons pas de répondant et que ils se refusent de croire au dialogue, notre soucis était de les inviter à revenir à la table qu’ils ont abandonnée. Une table qu’ils n’auraient pas dû abandonner. Et c’est pour ça que cette marche a été planifiée et comme vous l’avez constaté tous, en réponse à cette invitation au dialogue, et bien le gouvernement a préféré étouffer la vérité l’empêchant de s’éclore et en faisant ça il a encore mis à mal l’expression de la liberté.

Info Matin : vous parlez du gouvernement, je n’ai pas vu le président Patrice Talon, lors de la marche, je n’y ai vu aucun ministre, qu’est-ce qui vous fait parler du gouvernement ?

Réponse : oui, en fait la marche n’a pas eu lieu, il faut vraiment savoir ça. Elle n’a pas eu lieu parce que le préfet qui représentait le gouvernement qui a la police administrative et qui donc est garant de l’ordre public sur le territoire a été saisi de notre intention, de notre volonté d’exprimer notre mécontentement, il n’a pas répondu or sa responsabilité était de traiter notre requête et de nous dire, j’autorise, je n’autorise pas. Il en a le pouvoir, il pouvait dire qu’il n’autorise pas et il va argumenter parce que la non autorisation ou l’interdiction, c’est l’exception, la règle dans un état de droit, c’est la manifestation libre, donc s’il devait nous empêcher de faire ou qu’il devrait interdire il faut qu’il se justifie. Et comme il n’avait aucun argument pour interdire, il est entré dans un dilatoire de ruse qui consistait à répondre à un courrier officiel de la part d’une institution à une autre par un communiqué public. C’est-à-dire que Mr X lui écrit et au lieu de répondre à Mr X, il s’adresse aux villageois dont Mr X est habitant donc les villageois, voilà. Ce n’est pas une réponse à notre requête.

Info matin : mais vous avez été arrêtés hier…..

Réponse : Oui, hier, ils ont étouffé la marche et dans leurs velléités d’étouffement de la marche, ils ont pratiquement empêché tous les Béninois de jouir de leur liberté dans la ville de Cotonou hier parce que dans un rayon d’à peu près 10 Km de la bourse du travail il n’était pas possible d’arpenter les artères qui mènent à cette bourse du travail. C’est déjà là le problème. Et à partir du moment où ils ont fait ça et que l’activité que nous voulions dérouler hier et qui était une marche pacifique dont ils avaient connaissance, a besoin que l’autorité nous dise, je suis en capacité d’assurer l’ordre et vous faites selon votre itinéraire. Non je ne suis pas en capacité d’assurer l’ordre selon l’itinéraire que vous avez choisi, je vous propose un autre itinéraire ou bien non, je pense que vous ne remplissez pas les conditions, vous ne pouvez pas faire a marche et en ce moment-là, il argumente . Comme ils n’ont pas d’arguments pour interdire. Finalement les nôtres, ils attendent les dernières minutes pour vous dire qu’ils sont d’accord ou pas d’accord, donc nous on espérait , que de toutes les façons surtout après avoir fait le suivi par deux fois à la préfecture pour avoir une réponse à notre courrier. On nous répond que c’est en traitement. Mais quand c’est en traitement, ça veut dire que ça va donner un résultat. On n’a pas eu le résultat, on n’a pas été saisis d’une situation, et donc on était dans le flou, mais malheureusement ou heureusement les populations sont venues d’un peu partout ? Les gens ont quitté l’intérieur du pays, et comme ils ont érigé des barrières un peu partout, les gens ont buté contre leurs barrières et ne pouvaient pas continuer, ils étaient bloqués et finalement des attroupements se sont improvisés au niveau des cordons. Nous on était dans la coordination, on était déjà à la bourse parce que c’est à nous d’accueillir les militants. On était là, on appelait les gens, ils nous appelaient et on leur disait de ne pas appeler la police, restez calmes. Vous savez que si c’était aux temps jadis, ce qu’ils ont trouvé comme attroupement là, pouvait générer des émeutes. Je crois que ce qu’ils recherchaient c’était que la population déborde pour mettre ça à notre charge. Info matin : maintenant qu’est-ce qui vous était reproché quand vous avez été arrêtés ? Réponse : mais si je suis devant vous aujourd’hui c’est qu’on ne pouvait rien nous reprocher et c’est parcequ’on ne pouvait rien nous reprocher qu’on voulait nous charger d’une infraction dont on n’étaient pas auteurs parce que ce qu’ils ont fait , ce que le préfet a fait là, c’est une incitation à la rébellion ,carrément il veut troubler l’ordre public et quand on regarde dedans ,ils ont pris des dispositions pour que l’ordre public soit troublé. Heureusement que nos militants ont reçu une très bonne éducation, et ils savaient qu’il s’agit d’une marche pacifique et les provocations n’allaient pas manquer et donc il ne fallait pas répondre aux provocations. Donc, nous avons été arraisonné et on a été écoutés par la direction nationale de la police judiciaire, le procureur a été saisi et a conclu que nous étions dans notre droit. Nous n’avons enfreint à aucun texte de la République contrairement au communiqué du préfet qui veut faire croire que nous sommes des délinquants, des irresponsables. A partir de ce moment-là, le procureur nous a relaxés. Il ne nous a même pas mis sous convocation hein, on est libre totalement et on ne sera plus rappelés pour ça.

Info Matin : ça veut dire que la justice Béninoise marche…

Réponse : de toutes les façons, le droit a été dit et je crois que quel que soit le schéma aujourd’hui nous avons intérêt à croire en notre justice, mieux c’est à croire en la dextérité de certains défenseurs. Quand je prends maître Affoukou Corneille, ou maître Abouta Fidèle, ils se sont mis spontanément à notre service et c’est grâce à eux que les auditions se sont très bien passées au niveau de la direction nationale de la police Judiciaire et où également il y avait des cadres professionnels qui ont fait leur travail. Donc à l’issue de l’audition, par rapport aux 27 ou 28 rapports qui ont été soumis au procureur, le procureur a estimé que ce dossier était vide et c’est vide parce que le peuple béninois était debout. C’est vide parce que les mânes de nos ancêtres ont estimé qu’il était temps que les princes qui nous dirigent aient des oreilles pour écouter leur peuple, que le cri de cœur du peuple leur parvienne. Aujourd’hui nous avons reçu le message du peuple, ce soutien à l’intérieur comme à l’international comme un soutien pour poursuivre la lutte et la lutte sera poursuivie.

Info matin : Qu’est ce ce que vous avez à dire à vos militants, est-ce à dire que c’est terminé, il n’y aura plus de marche ?

Réponse : Je viens de vous dire que ça va se poursuivre, la lutte va se reprogrammer, la marche va être reprogrammée. Je vais vous dire ceci, nous avons un système de prise de décision, le mercredi c’est la fête des travailleurs, le premier, nous allons nous retrouver pour une belle fête à la bourse du travail.

Info matin : mais pourquoi vous n’avez pas attendu le premier mai justement ?

Réponse : Non, mais le premier mai c’est une manifestation qui concerne les acquis qui ont permis aux travailleurs de s’épanouir, on ne peut pas confondre tout ça avec la misère qui est infligée au peuple parce que justement je ne sais pas si vous êtes dans le secret des Dieux , les gens ont tenté de nous imposes de reporter ça au premier mai parce que c’est la date à laquelle le travailleur se manifeste on ne se manifeste pas , on revendique un mieux-être et la gouvernance du président Patrice Talon, et de ses collaborateurs est obligée de nous offrir un mieux-être dans ce pays , c’est cela que nous revendiquons. Il n’y a pas de confusion à faire entre la démarche que nous avions enclenchée et la fête du travail qui est traditionnelle et qui est le résultat d’une lutte, donc si nous voulons vaincre la misère, l’effritement du pouvoir d’achat et comment l’appelle-t-on, que le panier de la ménagère soit rempli, on doit faire ce combat-là autrement. La vie est chère, et si on ne veut plus que ce soit plus cher il faut poser des actes qui concourent à cela. Ce n’est pas la fête du premier mai qui va résorber ce problème.

Info matin : Pour clore cet entretien votre message à l’endroit des militants

Réponse : Avant de leur adresser le message, je vais les remercier pour la générosité et la spontanéité de leur engagement aux côtés de leurs leaders, remercier le peuple, pour son soutien et à la communauté internationale pour ce qu’elle a fait. C’est de leur dire simplement que nous avons fait un pas , et on a prouvé qu’il était possible de dire non à une gestion clanique et arbitraire qui ne nourrit pas le peuple et à partir de ce moment , je crois qu’on ne va pas s’arrêter en si bon chemin ,il faut qu’ils se tiennent mobilisés, la marche sera reprogrammée et il y aura beaucoup d’autres actions pour infléchir cette gouvernance de misère.

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